Homélie (dernier jour de l'année liturgique : Ap 22,-1-7 ; Ps 95, 1-7 ; Lc 21,34-36)
La réalité à laquelle nous sommes conviés, nous est suggérée par la lecture de l'apocalypse. Le prophète voit « l'eau de la vie, un fleuve resplendissant comme du cristal, qui jaillit du trône de Dieu et de l'Agneau ». Les bontés et les beautés du jardin d'Eden semblent être retrouvées et même dépassées. C'est un monde sans malédiction qui nous est présenté : un monde éclairé par l'être du Seigneur, par sa présence omniprésente qui marque de son nom tous ceux qui le regardent. « Oui, le grand Dieu, c'est le Seigneur ; le grand roi au-dessus de tous les dieux » … « oui, il est notre Dieu et nous sommes le peuple qu'il conduit » chantons-nous dans le psaume.
Ces propos ne sont pas rêveries, mais des visions prophétiques d'un monde que notre imaginaire peine à concevoir. Mais quelles que soient les expressions de cette gloire, nous ressentons qu'une joie indépassable nous est promise et nous est accessible par la grâce de l'Agneau. Notre attente est finalisée à un bonheur qui nous dépasse et qui donne aussi sens à notre vie ordinaire.
Ainsi ces promesses d'eau vive, de paix, de fécondité abondante nous font-elles du bien et devraient stimuler notre attente. Car tout n'est pas encore accompli et il y a du chemin à faire pour aller ou faire advenir la Cité de Dieu, dirait saint Augustin. Et l'attente peut être longue et pleine d'ennuis ou d'angoisses. C'est pour cela que le Seigneur nous invite à rester « éveillés » : à veiller. Saint Luc nous invite à mener le bon combat de la veille pour être prêt lors de la venue du Christ. Nous ne savons ni le jour ni l'heure. Ce qui peut nous dérouter et nous faire mal c'est la venue à l'improviste surtout si notre cœur s'alourdit. Nous sommes invités à rester « debout devant le Fils de l'homme », ressuscités comme lui, prêts à vivre d'une vie éternelle. Un des moyens de bien veiller est la prière, la mise en présence avec l'Agneau qui a donné sa vie pour nous.