Homélie (21 juin – St Louis de Gonzague – Rm 12, 1-21 ; Ps 130 ; Mc 10, 23b-30)
« Comme il est difficile d’entrer dans le Royaume de Dieu ». Jésus nous le rappelle dans l’Evangile et la vie de Louis de Gonzague l’atteste. Sa noblesse de cœur et de titre, ses dons naturels et surtout son père lui indiquaient une voie tout autre que celle de la consécration religieuse. En soulignant cette difficulté à le suivre, Jésus nous indique ensuite que cela dépasse les forces habituelles et humaines : « pour les hommes, c’est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible pour Dieu ». Cet accent nous rappelle la priorité de la grâce divine qui est à la fois dans notre condition humaine et qui vient aussi, par l’Esprit, directement de Dieu. Chacun de nous est en lien immédiat avec le Sauveur. Gonzague était certainement, comme chacun d’entre nous, prisonnier de nombreux attachements : son milieu perverti par les mondanités (le pouvoir, la luxure, l’argent). Et pourtant dès son jeune âge, il fut comme « pris » d’élan pour le Christ. Il fut capable de prendre des décisions libres, décisives, entièrement tournées vers l’amour de Dieu. Son cœur était offert, pur comme celui d’un enfant mais exprimant la maturité d’un adulte décidé. Cette jeunesse paradoxale est contagieuse : c’est la joie de fêter un saint dont la jeunesse coïncide avec une réelle maturité spirituelle. C’est ce qui attire encore aujourd’hui dans les vies de G. Frassati et Carlo Acutis.
« Je vous exhorte, mes frères, par la tendresse de Dieu, à lui offrir vos corps et votre vie en sacrifice saint, capable de plaire à Dieu, c’est là pour vous le culte véritable ». Nous pouvons, nous aussi, quels que soient notre âge et nos conditions de vie, entrer dans cette même dynamique grâce à la splendeur de toutes nos eucharisties. Nos pauvres offrandes sont transformées par l’onction de l’Esprit et acquièrent un poids d’éternité. Saint Paul nous rappelle que le culte (l’adoration) est toujours lié à un agir bon et au renouvellement de notre façon de penser. Ses paroles de Paul ne sont pas du genre littéraire des commandements mais une exhortation (une parénèse) à la générosité, au partage, à la joie, aux bénédictions, à la simplicité, au pardon. Le texte d’aujourd’hui est plein d’espérance et nous pousse à la responsabilité : « ne vous laissez pas vaincre par le mal, mais soyez vainqueurs du mal par le bien ».
L’eucharistie n’est pas un simple rite, mais un acte de Jésus Christ qui nous soutient dans l’espérance. La confiance dans ce que nous pouvons et devons faire ne peut que se fortifier dans la communion au corps et au sang du Christ. Ainsi la vie donnée et vertueuse de Louis de Gonzague n’était-elle pas pure « piété », mais souci des autres, de sa famille, et des pestiférés. En lui se vérifient ces paroles de Paul : « Laissez jaillir l’Esprit ». Même si ce don de lui-même aux malades a mené saint Louis au don de sa vie. Il est mort dans la charité vraie. Il nous montre la route.