Homélie de la Pentecôte aux Réformés à Marseille
La fête d’aujourd’hui nous permet de mieux connaître l’Esprit Saint, de l’honorer et d’observer son action dans nos vies, dans l’Eglise et dans le monde.
Comment mieux le connaître sinon en voyant son lien avec les autres personnes divines ? En effet, le Père, le Fils et l’Esprit sont toujours en communion. Les trois personnes divines sont distinctes mais unis si fortement entre elles qu’elles sont un seul Dieu. Jésus, nous disent les Evangiles, nous mène au Père. « Qui m’a vu, a vu le Père, dit-il à Philippe. Et à tous les tournants de son ministère public, il annonce le Royaume qui est là et qui vient. Cette Bonne nouvelle est celle-ci : nous avons tous un même Père dans les cieux. Sa bonté est pour tous. Elle passe par Jésus et son Esprit. Jésus, rappelons-nous, a été conçu par l’Esprit saint dans le sein de Marie. Après sa naissance et à sa vie adulte, il est poussé par l’Esprit au désert pour y vivre un combat spirituel. L’Esprit lui indique les paroles de vie à opposer au tentateur. Il donne sa vie sur la croix : il expire et livre l’Esprit qui l’habite. Ressuscité, il rejoint le Père et nous envoie un défenseur, un avocat. Le mystère de notre Dieu est tellement grand. Son amour est tellement fort et infini que l’Esprit vient le « porter » en nous et dans les autres. L’Esprit n’a pas de visage comme Jésus, mais on sent toujours sa présence et sa vie dans nos manières d’agir. Il habite le cœur des hommes. Il va et il vient, mais on peut déceler ses passages et ses inspirations.
En cette fête de Pentecôte, il nous est raconté comment il a saisi les apôtres pleins de peurs. Il entre au Cénacle avec force. Observons ce qui se passe. Il n’a peur de rien et c’est contagieux. Il se pose sur tous les apôtres et sur Marie. Les flammes de feu sur chacun signifient qu’il prend soin de tous, qu’il touche les cœurs en profondeurs, qu’il réchauffe tout ce qui était glacé, qu’il guérit ce qui était blessé, glacé, cassé : il le fait encore pour chacun d’entre nous. La prière de la séquence avant la lecture de l’Evangile, nous montre tout ce qu’il fait sur nos corps, nos esprits, nos cœurs. Confions-nous à Lui : « Oh lumière bienheureuse, viens remplir jusqu’à l’intime ».
Ce surgissement de l’Esprit donne une audace ouïe aux apôtres qui sortent du Cénacle pour témoigner de leur foi. Ils impressionnent. On les écoute. On les comprend même si ce qu’ils disent paraît invraisemblable, mais bien relié à l’attente juive du Messie. Ils parlent et bouleversent ceux qui sont présents et les voient sortir. La communication passe bien : chacun comprend leur discours dans sa propre langue. La Pentecôte, c’est l’anti-Babel interpersonnel. Et l’Eglise, si une et si diversifiée, est le lieu nouveau de la compréhension du mystère du salut. Dans l’Eglise, l’Esprit s’adapte à chacun. Nous recevons, petits et grands, ce qui nous convient le mieux pour comprendre que Jésus est l’unique sauveur et pour l’annoncer sans peurs. L’Esprit est missionnaire. Et la terre entière peut se remplir des dons de Dieu. Cette communication est pour tous et elle respecte aussi les différences de chacun. L’Esprit a diverses manières d’agir : il est doux parfois comme une brise légère ou le murmure d’une source ou bien brusque et rapide comme une bourrasque. Il va droit au cœur. Il touche les cœurs en profondeur. Il traverse les murs matériels et spirituels, toutes les carapaces de refus et d’indifférence que les hommes peuvent se construire pour se protéger. L’Esprit n’agit pas seul. Ainsi évangéliser, c’est agir par sa puissance et dans le nom de Jésus. Jésus ressuscité franchit les obstacles.
Notre tache est de bien observer l’action de l’Esprit en nous et autour de nous. Nous devinons et nous interprétons sa présence en regardant les effets de son action dans les personnes et les événements. Saint Paul nous indique cette profusion de dons qui viennent de l’action de l’Esprit : il nous suffit de nous mettre sous la direction (sous la conduite) de l’Esprit pour manifester ainsi aux autres sa présence en nous. Ce n’est pas la loi qui fait vivre mais c’est l’Esprit. Ainsi se développent en nous « amour, joie, paix, bienveillance… (Gal 5)
La vie chrétienne en profondeur ne se trouve pas dans les coutumes, les lois, les exigences matérielles et spirituelles, les formes de pensée mais dans la Lumière et dans la Vie de l’Esprit. Il est là au milieu de nous et la Pentecôte ravive en nous cette certitude. Observons les effets de son action pour le louer, lui rendre grâce, nous attacher à sa personne. Laissons-nous toucher par la puissance de l’Esprit pour être de plus en plus à l’image du Christ sauveur.
Transformée par l’Esprit, la vie chrétienne n’est pas un « long fleuve tranquille », mais elle reste dynamique, forte, joyeuse. La louange n’est pas une formule : nous pressentons qu’il convient de tout rendre à Dieu parce qu’il nous a tout donné. Sa grâce nous suffit. Ouvrons nos cœurs au « mistral » de Dieu et nous serons sauvés.