Suis-je donc libre si Dieu m'appelle ?
L'homme n'est pas un robot. Il est créé libre. Dieu l'a voulu ainsi et respecte son œuvre à tout instant de sa vie. D'ailleurs, qui dit « liberté » dit une relation, un dialogue, une ouverture réciproque car la liberté de l'être humain n'est pas une coquille vide. Tout être humain à l'image et à la ressemblance de Dieu est créé libre, c.à.d. en alliance avec Dieu. L'homme est un vrai sujet : une personne unique qui a la capacité intérieure de consentir ou non à des appels.
Quand je m'interroge sur le sens de ma vie et sur ma vocation, je découvre à un moment donné que j'ai été précédé dans ma recherche. « Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, c'est moi qui vous ai choisis et institués pour que vous alliez, que vous produisiez du fruit et que votre fruit demeure » (Jn 15,16). De fait, Dieu fait toujours le premier pas vers nous : il nous précède et il a l'habitude de placer de nombreux signes de sa présence à l'intérieur de nos vies. Ces signes nous disent son amitié concrète pour chacun d'entre nous. Ces signes sont variés : parfois, on ne les voit pas bien, parfois on les oublie. Ces signes sont des indications concrètes qu'il est vivant, qu'il nous accompagne, qu'il nous propose quelque chose à faire avec lui. Ces signes ne forcent jamais notre liberté : ce sont des petites lumières qui éclairent nos décisions. Ce sont des indications sur la volonté de Dieu. Et certains qui s'exercent à bien observer, découvrent que ces signes répètent comme un chant, sous la forme d'une litanie, et avec le refrain suivant : « viens, suis-moi ».
L'appel de Dieu à Le suivre n'est pas une image publicitaire qui martèle nos sensibilités : ce n'est pas un slogan ou un message subliminal qui pourrait nous convaincre finalement. Le Seigneur ne procède pas à un harcèlement même pour le bien. L'appel ne s'entend pas seulement à l'extérieur de nous, mais le plus souvent il résonne dans notre intériorité et dans nos pensées : il n'est pas absurde, il possède un sens à découvrir. Si Dieu appelle, notre liberté est appelée à prendre note de ces signes et à en déchiffrer le sens : c'est tout un travail ! Nous sommes invités à consentir finalement à ce qu'il nous semble être vraiment une exigence d'un don de nous-mêmes. Notre liberté est appelée en profondeur : elle se met en route ou bien parfois elle postpose la signification de ces signes. La réponse à un appel de Dieu n'est pas automatique : à un moment donné, c'est bien chacun de nous qui dit « oui » à cette invitation divine. Notre liberté est toujours un peu conditionnée, mais face à ce genre de grandes réponses, elle essaie d'y voir clair : réfléchir, faire mémoire, consentir prend du temps, mais montre comment notre liberté s'ouvre librement à tout appel en profondeur.
Il est beau de mesurer combien le Tout-Puissant se fait « tout petit » pour frapper à la porte de nos cœurs. Cette puissance de Dieu est patiente et bienveillante : l'appel n'est jamais pour le malheur de l'homme, mais pour son bonheur et participer au salut du monde entier. L'appel possède un contenu passionnant : accompagner le Sauveur dans sa mission. Souvent, c'est bien le visage de Jésus qui fait vibrer le cœur et se révèle à nous dans une de ses paroles évangéliques. Mais le Seigneur n'entre pas en nous sans frapper à la porte : il attend notre libre disposition. Il attend… Il respecte notre intimité et particulièrement toutes les expressions de notre liberté. Il ne force personne. Il laisse chacun discerner la beauté de cet appel et répondre selon ses qualités, ses sentiments, ses grands désirs, ses disponibilités du moment. Quand l'appel résonne dans une vie, il nous provoque pour un meilleur bien. A nous de décider et de choisir ce meilleur bien ou bien de continuer à faire le bien dont nous sommes capables avec son amitié.
A. Mattheeuws