Homélie du 19 août 2024 : Ez 24,15-24 : Dt 32, 18-21 ; Mt 19, 16-22.
La parole du Seigneur adressée à Ezéchiel est dure. Comme prophète, il va vivre ce que le peuple de Dieu sera appelé à vivre. Il en sera le signe. Ces désastres annoncés « ne sont que justice » pour un peuple régulièrement en procès contre son Libérateur. A quoi sert-il de prendre le deuil si c’est la volonté de Dieu de faire justice et de réparer ainsi un mal commis ? Ce qui est annoncé au peuple : « vous pourrirez dans vos péchés et vous gémirez ensemble ». Le seul signe d’espérance restera le prophète : faites ce qu’il fera. La suite du récit nous montrera comment Dieu, fatigué de son alliance, y reste néanmoins fidèle. Malgré l’oubli et le dédain de son peuple, « Dieu les rendra jaloux » : il exacerbera leur amour pour le remettre à l’endroit et rétablir une alliance face à face.
La rencontre de Jésus avec le jeune notable est d’une autre tonalité, mais tout aussi radicale. Cette personne a soif de la vie éternelle et veut faire le bien. Jésus lui indique le chemin de vie que sont les commandements. Ces commandements n’ont-ils pas été donnés à Israël au mont Sinaï, à la sortie du monde de l’esclavage. Ces dix paroles ont un poids et une grande valeur : ils aident chacun à rester libres. Le notable ne semble pas s’en contenter : il aspire à trouver Dieu et à faire sa volonté. En fait, il ne voit pas que le Christ est le Messie. « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres ». Cette perfection évoquée n’est pas d’abord morale : observation des commandements ou exercice des vertus. Cette perfection, ce « plus » que Jésus propose, c’est de le Suivre sans attaches. Vivre avec et comme le Christ sur la terre pour entrer plus facilement dans la communion éternelle dans les cieux. Au fond ce que le Christ lui propose, c’est de vivre le ciel sur la terre. Mais le jeune homme n’a pas confiance en cette proposition. Il retourne à ses propres trésors.
Rencontrer le Christ, c’est trouver la perle de l’Evangile ou le trésor dans le champ. Déjà la comparaison rationnelle pourrait nous aider à faire ce choix radical. Mais il s’agit plus dans l’évangile de répondre à une invitation exprimée dans un dialogue. Il y a une grâce particulière dans cet appel de Jésus : une motion qui met l’être humain en mouvement. Suivre les commandements, c’est toucher du doigt la bienveillance divine et grandir en liberté. Cette observation prépare le terrain aux surprises des appels nouveaux adaptés à la personne de chacun, dans l’histoire d’aujourd’hui. Entrons dans une écoute « aiguisée » de ces appels qui retentissent pour notre bien et pour l’avènement du Royaume.