Homélie saint Benoit (Gn 32,23-32 ; Ps 16, 1-15 ; Mt 9,32-38)
La première lecture nous raconte le retour de Jacob et la prise en charge de son destin, plutôt de son élection. De fait, il doit rencontrer Esaü son frère et il a peur que cela se passe mal. C'est dans la solitude et de nuit qu'il sent ses forces éprouvées par un autre. Mais il combat : curieux combat dans lequel il est blessé à la hanche et dans lequel il résiste toute la nuit à un personnage qui ne dit pas son nom : un ange, sa conscience ? Certains commentateurs disent que puisqu'il a dérobé l'élection divine par un artifice à son père, il doit en rendre compte et surtout en devenir digne. Dieu le met ainsi à l'épreuve. La vie de Jacob ne se réduit pas à ses femmes, ses enfants et son troupeau qu'il a mis à l'abri de l'autre côté du Yabok. Pour entrer dans la promesse, pour faire la paix avec Esaü son frère, il est appelé à montrer sa force et à recevoir « en vérité » à présent la bénédiction divine : « Je ne te lâcherai que si tu me bénis », dit-il à l'homme énigmatique qu'il combat.
Et l'homme le bénit finalement en lui changeant son nom, donc sa mission. Désormais tu seras « Israël » ce qui signifie « Dieu lutte ». L'homme ne dit pas son nom, mais le nouvel Israël perçoit ce combat comme une expérience spirituelle forte qui le marque à jamais et le situe plus clairement dans la lignée des Patriarches. En ce lieu qu'il appelle au matin Penouel (face de Dieu), Israël est fixé sur son élection et sa mission. Il a vu le Dieu de ses ancêtres mais n'en est pas mort. Il est blessé mais vivant. Sa vie a changé. Il peut aller de l'avant.
Quand le Seigneur intervient dans la vie des hommes, leur vie en est changée. C'est la dignité de l'homme que de comprendre le dessein de Dieu à travers les énigmes de ses manières de faire. Rencontrer Dieu, c'est toujours être mis en responsabilité et rendre compte de ses actes : c'est dans cette matière humaine que Dieu inscrit sa grâce. Et il le fait souvent dans les lieux de nos blessures. Jacob est restauré en tous ses mensonges, mais son combat est pour retrouver une innocence et une stature dans le dessein divin. Son espérance pour sa descendance est exprimée dans le psaume : « Et moi, par ta justice, je verrai ta face, au réveil, je me rassasierai de ton visage ».
Les miracles dans l'évangile témoignent de la bonté et de la puissance du fils du Père envers les malades et les démons : il guérissait toute maladie et toute infirmité. Saint Benoit avait de nombreux dons comme ceux de Jésus. Malgré son désir de solitude, les gens venaient à lui de toute part et même désiraient vivre comme lui. La moisson était déjà abondante à cette époque et il priait comme nous sommes invités à le faire pour que les ouvriers de la moisson soient plus nombreux. Car c'est l'Esprit qui suscite les désirs les plus saints et les plus fous. Prions donc cet Esprit pour qu'à la suite de Jésus, de nombreux ouvriers se mettent à la moisson. Nous sommes à la bonne époque. C'est aussi un moment où des gens prennent des décisions pour l'année qui vient : dans le mariage, dans la consécration, dans une nouvelle mission.