Homélie du 28 février 2022 (1 P 1,3-9 ; Mc 10,17-27)
Un homme aux grands désirs court vers le Christ et se met à genoux devant lui pour l'interroger. Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? La question du sens de sa vie le travaille. Il voit bien que ce n'est pas une question de discours mais d'action : que faire ? Il pressent la bonté de Jésus, et sa sagesse, mais Jésus va plus loin dans sa réponse : « Dieu seul est bon ». Ainsi, lui dit-il, ta démarche touche-t-elle Dieu lui-même. Le cœur de Dieu est touché par ta recherche. C'est dans ce contexte que le dialogue s'instaure.
Jésus lui rappelle l'essentiel de la torah : les commandements. Ces lois offertes à Moïse et aux Hébreux au mont Sinaï pour qu'ils restent libres après leur libération d'Egypte et qu'ils puissent rendre gloire à Dieu dans leur nouvelle vie personnelle et comme peuple. L'observance de ces commandements donne la vie : elle n'est pas rituelle ou formelle. Déjà cette observance engage la liberté et établit un lien d'alliance entre le sujet de l'Alliance et Dieu lui-même. Comme le souligne Pierre dans sa première lettre, les baptisés sont dans la joie car ils sont sauvés. L'œuvre de Dieu est manifeste : elle resplendit dans le cœur des hébreux comme dans celui des baptisés. « Maître tout cela, je l'ai observé depuis ma jeunesse ».
Une nouvelle étape s'ouvre alors dans le regard de Jésus et la manière dont il aime cet homme préparé par la Loi à le reconnaître comme Dieu et sauveur. Le Christ poursuit par un appel plus précis « ad nominem ». « Une seule chose te manque ; va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres, alors tu auras un trésor au ciel. Puis, viens et suis-moi ».
En vendant et partageant tes biens, non seulement tu t'appauvriras, mais tu te trouveras à la fois sur terre comme au ciel. Au ciel, sera ton trésor : le don fait une fois pour toutes. Et sur terre, ton trésor sera « moi » dit le Christ. Et pourtant ces paroles mettent l'homme en désolation. Il devint sombre et triste.
L'histoire ne nous dit pas comment il put sortir de cette impasse. Mais Jésus nous enseigne fermement par cet exemple. Entrer dans le Royaume n'est pas facile pour les riches. Car les richesses peuvent détourner de l'unique richesse (héritage) qu'est le Christ. Car les richesses peuvent freiner l'élan du don-de-soi. Car les richesses peuvent cacher l'existence de Dieu qui nous attend et qui compte sur nous. Renoncer à ses richesses, c'est se disposer à entendre et à répondre à un appel de Dieu. C'est aussi affirmer la primauté de Dieu dans nos vies.