Homélie du 24 août 2021 (fête de saint Louis) :1 Th 2,9-13 ; Ps 139 7-12 ; Mt 23,27-32.
Nous continuons à entendre des propos très durs de Jésus contre l'attitude des scribes et des pharisiens. Ils les traitent d'hypocrites : c'est-à-d. de gens qui disent et qui ne font pas. Cette inadéquation est ce qui nous arrive à tous car l'unité entre le dire et le faire n'est pas facile à vivre. Cette distorsion en nous montre nos limites ou nos péchés. Mais en les traitant d'hypocrites, Jésus va plus loin et dénonce un discours mensonger : ils disent comme s'ils le faisaient eux-mêmes et de fait ils ne font pas. Ils ressemblent à des sépulcres blanchis à la chaux et qui ont une belle apparence extérieure, mais l'intérieur est mort. Ainsi dans le domaine de l'action, cette hypocrisie est-elle mortelle pour tous. Jésus dénonce aussi la relecture de l'histoire que font les pharisiens : ils se croient purs et innocents de tout obstacle à la venue du Messie. Ils sont meilleurs que leurs pères. Or ils sont tout aussi aveugles que leurs pères et cet aveuglement est un péché plus grave encore car ils ne savent pas lire les signes du salut que le Dieu de l'alliance envoie régulièrement à son peuple. Ils ne parviennent pas à voir en Jésus le Messie annoncé.
Jésus réaffirme aussi combien le bien est d'abord le propre de l'intérieur du cœur. Le juste est celui dont le cœur bat au rythme de l'image de Dieu qu'il est. Le juste se voit à l'extérieur, mais sa vie juste surgit toujours d'un cœur vivant et non pas d'une observance biaisée des normes et des lois. Le juste, dirions-nous avec Jésus, est celui qui est rendu juste par Dieu lui-même et dont les œuvres se découvrent petit à petit à l'extérieur à la mesure de la grâce reçue. « Le juste est celui qui accepte que la main de Dieu le conduise ». Dieu sonde les reins et les cœurs (Ps 138,1) et rien ne lui échappe : la ténèbre n'est pas ténèbre pour Dieu. Il voit tout, il connaît tout, et cette connaissance pleine de bonté devrait rendre nos cœurs plus justes. Il nous suffit de l'invoquer et de lui demander de nous connaître encore mieux et par cette révélation de nous connaître en vérité. Seul le Christ peut nous révéler à nous-mêmes : c'est pour cela qu'il apostrophe si fortement les pharisiens aveuglés. Il aspire à ce qu'ils voient la vérité en personne et la reconnaisse.
Saint Paul raconte tout ce qu'il a fait pour annoncer le seigneur : on a le sentiment qu'il se vante. Mais la clé de son discours est dans la parole qui n'est pas la sienne, mais celle de Dieu. Accueillir Jésus sur les routes de Palestine, accueillir la Parole de Dieu, c'est bien le chemin pour être rendu juste et sans hypocrisie. Aujourd'hui Paul nous invite aussi à ouvrir largement nos cœurs au tranchant de la Parole.