Homélie du 22 juin : Gn 13, 2.5-18 ; Ps 14 ; Mt 7,6.12-14.
Abraham a quitté son pays en mettant sa foi dans le Seigneur et il se dirige vers la Terre de la Promesse. Chacun de ses pas est cependant une aventure, un défi, une décision à prendre. Dans la discussion avec Lot, Abraham nous montre sa bienveillance et son esprit de paix : dans le partage du pays, il laisse Lot choisir d'aller où il le veut et dans le meilleur territoire. Dans cet acte d'abnégation, Abraham montre sa confiance en Dieu et nous témoigne que sa route suit la promesse de Dieu et non pas sa volonté. En guise de confirmation de cette décision avec Lot, Dieu lui renouvelle sa promesse : il élève les yeux d'Abraham vers le ciel et lui fait voir dans le temps et dans l'espace la grandeur de sa mission : terres promises et descendance.
Ces signes tangibles et forts existent parce qu'ils viennent de Dieu. Leur consistance vient de la Promesse. Depuis notre baptême, nous vivons de la Promesse accomplie en Jésus Christ. Ecoutons et observons les signes qui nous sont offerts dans l'ordinaire de nos vies. Les signes de Dieu existent : ils doivent être interprétés bien sûr, mais le repère de leurs significations réside dans le fait qu'ils dilatent le cœur et nous permettent de franchir la porte étroite de la vraie vie.
Ces signes sont des trésors du Très-Haut : dans leur simplicité et leur valeur, ils sont pour nous et non pas pour les porcs. En observant ce que Dieu fait en nous, faisons la différence entre ce qui est essentiel et ne l'est pas, ce qui vient de Dieu et doit y retourner, ce qui est vie et ce qui artificiel.
Ces signes ont un caractère interpersonnel : nous ne sommes pas les seuls en relation avec Dieu mais ce qui est bon, l'est pour nous et pour les autres. Ce que nous faisons de bon pour les autres, est bon pour Dieu et bon pour nous. Ainsi en partageant cette bonté qui s'exprime dans des actes bienfaisants, nous trouverons tous un jour la porte étroite. Cette porte est étroite non pas pour laisser passer seulement les purs et les élites du christianisme à la manière dont certains courants spirituels et théologiques l'ont pensé (le jansénisme). Mais prenons plutôt une autre interprétation qui est plus carmélitaine ou johannique. Cette porte est étroite parce qu'elle mène au Jardin du Ressuscité et à son intimité. Le cœur de Jésus est large mais la blessure corporelle qui nous y donne accès est étroite. La porte est étroite pour que nous puissions y passer tous, non pas par un effet de masse (comme dans des stades de football), mais par une guidance fraternelle. La porte étroite est celle qui permet au bon berger de nous accueillir chacun par notre prénom.