Homélie du 17 décembre 2021 : Gn 47 1-10 ; Ps72, 1-17 ; Mt 1,17
L'évangile témoigne des origines du Messie. Pour Matthieu, c'est une manière de mieux nous faire connaître Jésus-Christ, fils de David, fils d'Abraham. Ce n'est pas seulement une curiosité historique. Ces deux premières références sont décisives dans le milieu juif : le roi David comme fondateur de la lignée de la gouvernance et Abraham comme père des croyants. Mais pourquoi faire une généalogie ? Pour dire que l'on ne vient pas de nulle part. D'ailleurs notre lignée indique notre place dans une famille ou notre mission dans un peuple. Et plus on remonte loin, plus la personne semble acquérir un poids historique : ces 14 générations donne un rythme à la généalogie du Christ. Elles symbolisent un fil rouge dans une histoire qui comme toute histoire est un peu chaotique. Les années passent et la présence de Dieu dans l'histoire demeure et son projet ne se perd pas dans le sable. Les années sont signalées non pas par le temps d'une montre mais la génération d'un vivant. Et le Christ est bien issu du peuple juif.
La question de l'identité de Jésus se posera régulièrement dans son ministère public : « Es-tu celui qui doit venir ? ». D'autres diront : « Est-ce bien le Fils de l'homme ? » Cette recherche de « qui est Jésus » est provoquée par son message et sa manière de vivre, mais aussi par l'énigme de ses origines. « Que peut-il sortir de Nazareth » ? Et puis n'est-ce pas l'humble fils de Marie et de Joseph ? Ces derniers sont bien placés pour connaître le plan de Dieu et aussi en être déroutés. Mais ceux qui ne voient que l'apparence seront surpris de la stature de Jésus durant sa vie publique.
Le Christ surgit vraiment à l'intérieur de son peuple. Par ailleurs, il est plus que le fruit d'une lignée de sang. Cette généalogie bien construite nous enseigne. Nous ne connaissons pas tous les personnages, mais nous pouvons remarquer que le péché de David n'est pas caché : il est assumé dans le plan du salut. Remarquons pour finir – ce qui ne peut que fortifier l'énigme de la conception de Jésus – que si Joseph est bien l'époux de Marie, il est dit par une passivité verbale, que « de Marie fut engendré Jésus que l'on appelle Christ ».
En cette dernière semaine, nous sommes proches d'une naissance, donc d'une nouveauté. Et pourtant toute nouveauté est le fruit d'une attente. Dans l'accueil du Christ Enfant, le passé, le présent et l'avenir se conjoignent pour nous toucher et nous faire comprendre quelque chose de l'action de Dieu dans toute histoire humaine.