HEBRARD M., Femmes Hommes, une nouvelle alliance, Paris, Plon/Mame, 1996, 265 p.
Fidèle à son style littéraire journalistique, l'auteur nous alerte sur les évolutions de la relation homme/femme dans nos sociétés. Elle retrace d'abord, sous forme de « flash » thématiques, le réveil des femmes dans l'histoire humaine depuis l'antiquité jusqu'à notre époque. Dépassant le cadre d'une culture occidentale, elle ouvre ensuite des perspectives planétaires : ce tour d'horizon est intéressant pour qui désire mieux connaître la situation actuelle des femmes dans le monde. Relevons l'utilité de l'annexe concernant la IVe Conférence de l'ONU sur les femmes à Pékin, la bibliographie actualisée et l'index des noms.
Cette lecture est également pétrie de références aux données du christianisme : textes de l'Ecriture, opinions des Pères de l'Eglise, témoignages d'héroïnes bibliques, rôle de la Vierge Marie, interventions romaines, solidarité des Eglises protestantes. Ces informations sont stimulantes sans pourtant offrir toutes les nuances théologiques nécessaires.
Réveil des femmes (C.3), réaction des hommes (C.4), cette dialectique est-elle de l'ordre d'une nécessité logique et sans grande nouveauté pour notre temps ? A l'heure des bilans (C.5), plusieurs courants féministes nuancent leur position en même temps que les « nouveaux hommes » restent plongés dans la perplexité. Des illusions sont dénoncées, des questions demeurent sans réponse. L'auteur insiste sur le caractère de transition des réactions actuelles en ce qui concerne le rapport homme/femme. Cette société qui se cherche restera-t-elle entre deux mythes : celui de la virilité et celui du sein maternel (C.6) ? Osera-t-on plonger dans la réalité de l'altérité ? L'auteur souligne fortement le défi auquel sont affrontés les hommes et les femmes d'aujourd'hui : celui du partenariat (C.7). « Il s'agit aujourd'hui de recomposer de façon inédite le paysage et les rôles masculins et féminins, sans pour autant ignorer - encore moins mépriser - l'histoire individuelle et l'histoire collective sur lesquelles nous nous sommes longuement attardés. (...) A la veille de l'an 2000, les hommes et les femmes ont un défi nouveau à relever. Il leur faut s'affranchir de l'impérialisme de matriarcalisme comme de celui du patriarcalisme afin de conjuguer différence sexuée et égalité » (p.167). Les piliers de ce partenariat résident dans le respect de la différence et de l'égalité de chacun. Pour entrer dans cette « ère nouvelle », l'auteur relit avec nous les premiers récits de la Genèse : création, chute et péché, confiance radicale en Dieu à travers le don de son alliance. Le partenariat cherché ne serait-il pas à l'image de l'Alliance de Dieu avec son peuple ? Ce Dieu, « amant passionné » de sa création, aime en respectant la différence. Il convie l'homme et la femme à entrer en alliance avec Lui, entre eux, et avec tout le cosmos.
A. Mattheeuws dans NRT 120 (1998-4) 659