Homélie du 17 décembre 2024 : Gn 49,1-10 ; PS 71 (72) ; Mt 1,1-17
Jacob rassemble ses fils et leur dévoile l’avenir : il prophétise. Il souligne la place particulière de Juda parmi ses frères mais aussi dans sa lignée. « Le sceptre royal et le bâton de commandement seront à Juda. Et dans sa descendance viendra « celui à qui le pouvoir appartient, à qui les peuples obéiront ». Cette prophétie entre dans le temps du discours de Jacob et le temps des généalogies. Encore faudra-t-il comprendre de quel pouvoir il s’agit ?
Et Matthieu, dans son Evangile, semble répondre à cette parole de Jacob. Il nous offre la généalogie du Christ. Le mot « généalogie » est proche du mot « Genèse » : entrée dans le devenir. Ainsi était-ce pour la première Création. Ainsi en sera-t-il avec le Christ : il inaugure une nouvelle Création. Et cette abondance de noms qui s’enchaînent nous indiquent une longue période : 3 fois 14 générations, durant laquelle Dieu, parfois de manière cachée, poursuit et accomplit sa promesse. Les générations chez les juifs marquent le temps comme le calendrier dans notre culture.
Elles nous indiquent une vie qui se transmet et à l’intérieur de ces vies une présence permanente de Dieu. Ce long temps est une durée qui peut peut-être heurter notre sensibilité à l’immédiat et au temps présent. Ces générations nous témoignent que le Seigneur est maître du temps et qu’il n’y a pas de no man land de sa présence. Il est de tout temps et de tout lieu : le temps et l’espace sont à Lui. Cela ne peut que fortifier notre attente de son salut aujourd’hui. Comme la patience du vieillard Siméon, nous posons nos yeux sur ce qui se vit en nous et autour de nous et la lumière d’une étoile peut apparaître. L’assurance que tout n’est pas « nuit » dans notre monde nous habite grâce à notre mémoire de ce que Dieu a fait déjà et compte faire.
Cette généalogie nous dit que le Sauveur est bien inscrit dans l’histoire humaine. Il est de la lignée de David : il sera roi. Nous le fêteront sur sa croix ! Il nous vient par Marie et Joseph, mais sa conception est particulière. Le texte nous l’indique : « Marie, de laquelle fut engendré Jésus que l’on appelle le Christ ». Le Messie sera de notre condition humaine et inaugurera une nouvelle création : une page nouvelle de la Genèse. Sa venue l’œuvre de l’Esprit. Cette Genèse nous plonge vraiment dans ce mélange qui n’est pas confusion, mais qui est « nouveauté » : le Christ vrai Dieu et vrai Homme est présenté. Il est vraiment issu de la lignée de Juda. Il est vraiment le Fils de Dieu qui est entré de manière radicale dans notre histoire.