Homélie du 8 mai 24
Je voudrais souligner deux points à partir des lectures de ce matin qui me semblent fort inspirante pour cette fin de retraite.
Nous voyons Paul à Athènes au milieu de l’Aréopage dans un lieu prestigieux. Et nous entendons la vigueur de son discours, son assurance et sa force évangélisatrice. Nous pouvons aussi saisir son désir de capter l’attention de ces grecs qui ne manquent pas de dieux et qui ont même gardé une place pour un dieu inconnu. C’est une multiplicité de divinités qui sont en présence : il y a même une place pour le « dieu inconnu ». Quelle tolérance ! Saint Paul se saisit de l’occasion pour annoncer Jésus Christ, son Maître et son Seigneur. La cohérence de son discours est étincelante et captivante jusqu’à son affirmation centrale : cet homme dont je vous parle et qui est Dieu : c’est en lui que « nous avons la vie, la croissance et l’être ». Il est bien le Sauveur de l’univers. Jésus a passé sa vie à faire le bien. Il a traversé la mort. Il est ressuscité. Cette affirmation fondamentale que l’on appelle le kérygme, est surprenante pour beaucoup de ceux qui l’écoutent. Elle provoque chez eux des réactions négatives : « le scandale, l’incompréhension et les moqueries, l’indifférence ». L’affirmation de la vérité de la mission de Jésus et de son identité est bien la pierre angulaire de l’adhésion au dessein de Dieu. Si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine, dira saint Paul dans un autre de ses écrits.
C’est pourquoi il est bon de garder en mémoire tous les mystères du Christ que nous avons contemplés et qui ont formé la trame de nos prières, de notre recherche, de nos passions durant ces dernières semaines. Faire les 30 jours, c’est rencontrer Jésus de manière vive comme le bon berger ou le « souverain capitaine », dit saint Ignace, qui compte sur nous et nous engage à sa suite. Rendons grâce pour l’onction de l’Esprit qui nous a révélé ainsi plus en profondeur l’unique visage du Bien-Aimé, l’unique centre de l’univers, de la vie de l’Eglise et de nos vies. Suivons ce Rabbi avec confiance et faisons ce que le Messie d’Israël nous a dit de faire. Il parle pour les juifs et pour les nations.
Tout n’est pas dit ni conclut en 30 jours et Jésus « a encore beaucoup de choses à nous dire ». Comme il l’a dit à Nathanaël dans sa rencontre vocationnelle, « vous ferez des choses bien plus grandes encore ». Nous ne pouvons pas mettre totalement la main sur ce que nous avons vécu et reçu durant cette retraite. Aujourd’hui, il nous suffit de rendre grâce et de porter ce que nous pouvons porter. Mais la route ne mène pas à Emmaüs mais à Jérusalem dans l’attente des fruits de l’Esprit. Jésus monte au ciel pour nous envoyer l’Esprit de Vérité qui nous fera tout connaître. Pour obtenir l’amour (qui est un nom de l’Esprit, dit saint Thomas) il faut aimer le temps qui passe et aimer le temps d’une vie, dans l’accomplissement du don de soi définitif, dans l’intégration du sens de notre mission, dans l’accueil de la vie ordinaire. Prions pour que vienne l’Esprit : qu’Il confirme en nous tout le bien reçu et qu’il emplisse pour toujours notre cœur de sa louange du Père et du Fils.