Homélie du 23 mai 2023. Ac 20, 17-27 ; Ps 67,10-21 ; Jn 17,1-11
La tonalité des deux lectures souligne un départ et les conditions de ce départ : pour Paul qui poursuit son chemin vers Jérusalem, pour Jésus qui développe son union avec le Père et son prochain retour dans la gloire.
Paul fait une « relecture » de son ministère à Ephèse et à Millet. Il témoigne aux anciens qu'il n'a voulu annoncer que Jésus et Jésus Christ seul. Il avoue que son action n'a pas été facile, particulièrement avec ses frères Juifs. Le grand évangélisateur s'est heurté à de nombreuses difficultés, mais il avait le « don de force » : « il ne s'est jamais dérobé » dans l'annonce. La tradition a toujours considéré Paul comme un apôtre vigoureux. Il n'avait pas peur de dire la vérité de l'Evangile. Prier avec Paul, c'est pour nous un stimulant. Sa parole nous élève car elle est centrée et fidèle à la Parole qu'est le Christ. Parfois, dans des situations confuses et chaotiques, dans la culture belge du compromis, Paul pourrait nous guider et nous permettre de prendre position dans le domaine de la foi. Les risques pris par certains de nos frères aujourd'hui dans le monde devraient aussi nous fortifier. On ne donne pas à moitié sa vie au Christ : on la donne toute entière. Face au départ de Paul, l'émotion est vraie : elle montre la reconnaissance de son action et de l'action de Dieu dans sa vie.
Avant de passer de ce monde à son Père, Jésus nous livre le fond de son cœur dans sa prière au Père. Le lien qui les unit, entre terre et ciel, est fort. Ce n'est pas une émotion qui est suscitée en nous mais une « gloire ». Jésus désire en témoigner pour nous inclure dans ce lien. La glorification dont il parle, c'est le resplendissement de la vérité de ce lien. Entre le Père et le Fils, il y a une relation intime, substantielle, forte. Ils se reconnaissent mutuellement comme Père et comme Fils, revêtu de la même grandeur et de la même identité. Dans ce contexte, le Christ nous donne une indication précieuse sur ce qu'est la vie éternelle : « c'est de te connaître, toi l'unique Dieu véritable, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. » C'est une grâce que l'on demande durant les exercices spirituels : « la connaissance intérieure de Jésus pour mieux le suivre et mieux l'aimer ». Cette vie éternelle est déjà présente sur la terre : par le Christ, nous y sommes plongés. Connaître la divinité du Christ, c'est reconnaître celle du Père : cette gloire d'amour qui les unit, nous pouvons la recevoir dans nos limites et nos pauvretés. De fait, cette gloire peut nous envahir dans la présence de l'Esprit saint. D'une manière particulière, en ce temps de l'Ascension et de la Pentecôte, nous sommes invités à vivre dans ce lien, dans cette gloire. Nous prions dans ce lieu, mais il y a une joie particulière à entendre Jésus nous dire : « je prie pour eux ». Demandons d'en prendre conscience par l'Esprit saint qui nous est donné.