Homélie pour Thérèse d’Avila : Rom 8,22-27 ; Ps 18 8-11 ; Jn 15,1-8.
Nous faisons mémoire d’un tempérament de feu : Thérèse d’Avila était une femme de caractère, probablement fort belle, désireuse dans les parloirs du couvent de briller avant sa conversion, désireuse d’aimer le Christ et de vivre intensément une union d’amitié profonde. Cette intimité était son lieu habituel : dans la prière, mais aussi dans l’action. La réforme du Carmel et la fondation de nombreux carmels en témoignent. Elle a fait sienne l’affirmation de Paul : « nous ne savons pas prier comme il faut. Mais l’Esprit vient au secours de notre faiblesse ». Cette vie spirituelle qui bouillonnait en elle, il fallait la discerner pour mieux suivre la volonté divine. Seul Dieu qui scrute les reins et les cœurs, connaît les intentions de l’Esprit. Elle n’en finissait pas de vivre intensément cette union avec le Christ : elle cherchait à comprendre le mode de procéder divin et de s’abandonner totalement à Lui. « Que rien ne te trouble. Que rien ne t’épouvante, Dieu seul suffit ». Même les grâces divines et les motions spirituelles peuvent être déconcertantes.
Ses livres nous confient une part de son expérience spirituelle. Elle a les mots pour le dire. Son langage est tellement fort et cohérent qu’il reste une référence pour la naissance de la langue espagnole. L’intuition spirituelle est ce chemin de l’amour qu’elle nous décrit à travers le passage de « demeure » en « demeure ». Être avec le Christ, c’est être un sarment branché sur lui et qui reçoit toute sa sève de la vraie vigne. Quelles que soient les demeures, il convient de rester en Lui : « Demeure en moi, comme moi en vous ». Les fruits des demeures, càd les états spirituels que nous vivons, sont liés à ce lien fort qui nous lie au Christ qui est la vraie vigne. Demeurez en Lui, c’est vivre de ses paroles, de cette amitié qui nous identifie au Christ et qui nous mène au Père. Ainsi vivre en Christ, demeurer en Lui, passer de demeure en demeure c’est l’œuvre de l’Esprit qui nous attache à la vraie vigne. Cette communion spirituelle n’est pas une invention humaine ou une description poétique : c’est une œuvre de vie. « Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruit et que vous soyez pour moi des disciples ». A l’intercession de Thérèse, demandons de mieux comprendre notre lien avec la vraie vigne qu’est le Christ.