Consécration et don de soi
Dès notre Baptême, le Seigneur nous a sauvés de tout péché et de tout mal : nous sommes passés par sa Pâque. Et le Sauveur est venu habiter en nous. Désormais, tout baptisé est habité par la présence de Dieu et il appartient à Dieu. En sa personne, tout chrétien est intimement lié à Dieu qui respecte sa liberté mais habite discrètement en son cœur. Le sacré n’est plus extérieur mais intérieur à toute personne car elle est à l’image et à la ressemblance de Dieu et aussi habitée intérieurement par Jésus le Christ sauveur.
Chacun de nous est connu par Dieu par son prénom (Is 43,1). Notre histoire est sacrée car nous vivons en amitié et en présence de Dieu. Nous lui appartenons en quelque sorte et librement nous pouvons nous offrir radicalement et offrir chaque instant de nos vies. Se consacrer à Lui, c’est lui donner tout ce que nous sommes simplement. « Comment rendrais-je au Seigneur tout le bien qu’il m’a fait ? Je lèverai la coupe du salut et j’appellerai le Seigneur par son nom. J’offrirai le sacrifice d’action de grâce en présence de tout peuple (Ps 116,12-14) ». Cette offrande de soi-même, présente dans le mystère de l’Eucharistie, est belle et grande : elle nous change et change nos vies concrètes.
Librement tout homme est capable de se donner entièrement à un autre, particulièrement de se donner à Jésus. Cette offrande de soi est noble et belle. On consacre souvent du temps à étudier, à travailler, à lire, à se détendre, à se nourrir, à un entrainement sportif : cela signifie qu’on met la priorité sur une activité, sur un service, sur un point essentiel durant un moment. Cette priorité montre aux autres que l’activité choisie est importante à nos yeux et qu’elle en vaut la peine.
Souvent aussi consacrer du temps à une personne ou à une activité suppose une certaine gratuité et un effort. Ce temps offert ne reviendra plus. Il est entièrement disponible pour telle personne. Offrir son temps et son énergie librement, c’est se donner à quelque chose ou à quelqu’un. On sort de soi pour s’offrir à autrui. On quitte son monde pour entrer dans le monde d’autrui de manière temporaire ou permanente. On peut consacrer du temps ou son temps à Dieu : c’est là une offrande ou un sacrifice de haute valeur.
Le but d’une consécration à Dieu est de se donner à Lui, de manière permanente parce qu’il m’a tout donné et que je désire par amour lui rendre toute ma vie. Cette consécration se symbolise dans l’Eglise par un geste, une parole, une célébration, un vœu. Ce don de soi est pour toujours. Il exprime avec clarté l’enjeu d’une liberté humaine et témoigne dans le concret d’une transcendance, d’une grandeur qui nous dépasse. Notre consécration commence par l’offrande de notre vie au Seigneur mais elle ne s’arrête pas là. Nous devons vivre de cette consécration et en rendre témoignage. Jour après jour, nous offrons notre vie au Seigneur pour faire sa volonté au lieu de la nôtre. C’est ce que le Seigneur Jésus a voulu dire par ces paroles : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce lui-même, qu’il se charge chaque jour de sa croix, et qu’il me suive (Luc 9.23) ». Librement l’homme accepte de donner son temps, sa vie, son énergie à proclamer la venue du Royaume des cieux en étant proche de Jésus. Désormais, il fait non pas ce qu’il veut, mais ce que Jésus lui demande pour être le fils d’un même Père.
Se consacrer, c’est librement accepter de faire la volonté du Père, de coopérer à l’annonce de la Bonne Nouvelle, de mettre ses pas dans les pas du Christ sur la route de la vie. Les Evangiles nous montrent comment le Seigneur Jésus a fait la volonté de son Père quand il était sur la terre. Les Actes des Apôtres et le début de la vie de l’Eglise nous montrent comment il a continué à faire la volonté du Père au travers des apôtres et des disciples de ce temps-là. Maintenant, le Seigneur Jésus veut agir en nous pour faire la volonté de Dieu. Pour cela, il faut que nous lui offrions nos corps comme des sacrifices vivants.
Le Seigneur Jésus n’a pas de mains pour faire l’œuvre de Dieu sur la terre, si ce n’est les nôtres. Il n’a pas d’autres pieds que les nôtres pour porter le message de Dieu à ceux qui sont perdus. Il n’a pas d’autres lèvres que les nôtres pour annoncer aux hommes le salut de Dieu. C’est pourquoi saint Paul nous dit : « Je vous exhorte donc, frères, par la miséricorde de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte spirituel » (Romains 12.1). Nos vies sont appelées à lui être consacrées comme le pain et le vin durant l’Eucharistie. Quand nous nous donnons entièrement au Seigneur Jésus, il travaille en nous tout comme le Père a travaillé en Lui. Être agréable à Dieu, c’est s’offrir joyeusement à Lui.
Saint Paul accentue cet enseignement (1 Corinthiens 6 : 19-20, Romains 6 :13 et Romains 12,1-3) et nous convie à glorifier Dieu dans nos corps parce que nous ne nous appartenons pas : nous avons été rachetés par le Seigneur au prix du sang et de l’eau, versés sur la croix. La consécration, c’est lorsque nous disons : Seigneur, je suis à Toi. Mes oreilles ont été rachetées par Ton sang ; elles T’appartiennent. Mes mains ont été rachetées par Ton sang ; elles T’appartiennent. Mes pieds ont été rachetés par Ton sang ; ils T’appartiennent… À partir de maintenant je ne peux plus m’en servir pour moi-même. Se consacrer, c’est s’offrir librement à Dieu. C’est se donner gratuitement et entièrement.