LES CARREFOURS DE L’ACCOMPAGNEMENT
Présupposés humains et chrétiens : les aptitudes[1]
= Nous nous situons dans une histoire sainte, celle d’un peuple avec qui Dieu a fait alliance, qu’il aime et pour lequel il a un dessein. Reconnaître la volonté de Dieu, l’identifier est possible. C’est une joie chrétienne qui est accessible. Accepter que Dieu a un désir, nous connaît par notre nom, c’est accepter également de « chercher cette volonté » et « vouloir au mieux y correspondre » : d’où le discernement. La vie spirituelle et les décisions dont elle est marquée sont impossibles si nous ne présupposons pas l’alliance de deux libertés : celle de Dieu et celle de l’homme, son élu. Qui dit liberté chrétienne, dit connaissance, recherche de la volonté de Dieu et acte d’acquiescement progressif ou décisif à cette volonté. L’alliance est mariale : son modèle, c’est le « oui » de l’annonciation. Le discernement n’est jamais une technique abstraite, détachée du plan de Dieu, à distance de l’homme. Il suppose déjà un engagement de l’homme en réponse à Dieu (la grâce prévenante).
= Le discernement d’une vocation ne suppose pas d’être parfait, mais il existe certaines conditions physiques et psychiques, intellectuelles et morales et la confession de la foi catholique (en ce sens, il est bon de terminer l’initiation chrétienne).
Ainsi une déficience psychique notable (affabulation, névrose de culpabilité) peut apparaître d’emblée. Avec prudence, cette découverte dispense d’une recherche ultérieure. L’illusion de pouvoir concilier ou d’unir mariage et vocation religieuse, mariage et ministère sacerdotale, dissuade de continuer la recherche. On ne fonde pas sa vie ou une mission sur la possibilité éventuelle d’un changement de la pratique de l’Eglise. De même pour l’ordination des femmes, il est inutile de dire que sainte Thérèse voulait être prêtre (rassembler toutes les vocations) pour entrer comme femme dans une élection sacerdotale. L’Eglise ne le fait pas aujourd’hui ni dans la jeunesse du candidat(e). Il ne s’agit pas de poursuivre un rêve impossible. Comment manier ces arguments d’aptitudes ?
L’absence d’une aptitude hypothèque ou peut exclure d’un état de vie. La présence d’une aptitude ne préjuge pas de la volonté de Dieu sur telle personne ni DE SA RÉPONSE LIBRE.
1. L’identification de l’appel
Il convient de prendre le temps d’identifier l’appel et la forme qu’il a pris dans l’histoire de la personne. Une vocation signifie « une initiative de Dieu ». « Avant de vouloir exister pour Dieu, il faut avoir reconnu que Dieu existe pour nous » [2]. Dieu ne peut pas être absent des engagements humains. Il faut découvrir sa présence. Au niveau du corps, on peut fort probablement repérer quelques motions spirituelles embryonnaires, dont le sujet a conscience ou pas, qu’il a discernées ou pas, qu’il peut nommer ou pas.
Dans le récit, la manière dont la personne se raconte ou raconte les tonalités de l’appel qu’elle a ressenti et qu’elle ressent encore, il convient de distinguer ce qui touche :
1.1. L’affectivité : le corps, les situations, les personnes, les lieux, les gestes, les paroles, les événements et leur impact sur la mémoire profonde et la mémoire vive (actuelle).
1.2. L’intelligence : par la raison, découvrir ensemble comment cet appel et les tonalités affectives sont prises en charge (pleurs, émotions, « j’étais petit ») et participent à une argumentation, à un discours qui rend compte d’une vocation, qui le confirme, qui met en avant des questions nouvelles.
L’accompagnement se doit d’observer et d’écouter avec attention : l’intensité, la précision des détails racontés, la mémoire profonde ou pas, la variété des signes, l’interprétation de ces signes est-elle faite par le sujet lui-même ou par des personnes qui lui ont été proches et à qui elle s’est confiée. Il faut parfois longuement raviver la mémoire personnelle pour découvrir parfois des lieux méconnus ou oubliés où s’est manifestée la volonté de Dieu.
« Si Dieu existe pour nous, il nous aime. A-t-il une volonté sur nos vies ? Une volonté déterminée ? Une volonté déterminée et bienfaisante ? Une volonté déterminée, bienfaisante et préférable à tout autre ? (...) Si Dieu me manifeste sa volonté, suis-je déterminé à la suivre ? »[3]. Il ne suffit pas de dire pour la personne : « Dieu me laisse libre ». C’est vrai, mais comme Dieu aimant, il s’adresse à la liberté avec une volonté. Cette préséance divine qui suscite nos libertés, les provoque, les interpelle est souvent difficile à accepter.
Ainsi les appels concernant la vocation et le choix d’un état de vie peuvent être identifiés. Ils doivent toujours être inscrits dans l’ensemble d’une vie. Ainsi faut-il être attentif aux appels divins qui manifestent chaque jour sa volonté. Plus l’âme est ouverte, plus Dieu l’appelle souvent au long d’une journée. En a-t-elle conscience ? Si elle est refermée sur elle-même, elle pense ou se figure que Dieu n’a rien à lui dire. L’appel marque toujours l’initiative de Dieu : elle attend une réponse. Ces appels peuvent être multiples. En percevoir la variété, le sens, le goût aide chacun à prendre de vraies décisions. Ils manifestent tous que Dieu a une volonté sur l’homme, un dessein. Cette intelligence du rapport de Dieu à sa création peut être « renversant ».
2. Les milieux ecclésiaux
Ces milieux peuvent être divers, se conforter mutuellement ou s’opposer : famille, paroisses, mouvements, prêtres, communautés nouvelles. Il convient de rendre grâce ensemble pour l’humus et les racines d’une vocation et développer un sentiment de reconnaissance vraie qui est le fondement d’une décision libre. Ces milieux porteurs indiquent à l’accompagnateur le type de travail à faire sur l’affectivité ou l’intelligence. Ils expriment tous un lien avec l’Eglise qui est partiel et qu’il faut élargir. Dans la plupart des cas, les décisions à prendre devront tenir compte de ces milieux et parfois prendre les moyens de s’en détacher. Le détachement est un exode comme pour Abraham dès lors que Dieu l’appelle (« quitte ton pays ») : c’est une loi de vie spirituelle. Ce détachement sera rendu plus difficile s’il y a des attaches désordonnées chez le candidat ou dans sa famille, communauté. Il ne s’agit pas de « couper matériellement ou psychologiquement » le cordon ombilical, mais susciter un élan vers la personne de Jésus et la réalité d’une Eglise qui nous dépasse tous en amour et en missions. Le détachement se fait plus facilement lorsque la vérité de l’appel éclaire le candidat vers l’avenir : dans la confiance et l’amour que Dieu est devant lui.
3. Le mode de l’appel : dans une conversion ou dans un cheminement progressif
Certains grandissent de manière presque insensible dans la foi, avec des hauts et des bas, mais sans véritable rupture avec l’Eglise ou le milieu familial porteur. L’appel apparaît avec une évidence progressive. La réponse peut être retardée, esquivée, approfondie lentement. D’autres font l’expérience brutale de la présence de Dieu dans leur vie : un changement leur est demandé, une découverte leur est sensible, une radicalité et une signification surgissent dans leur vie.
Comme par contraste, le critère de paix ressenti par le premier type de vocation doit pouvoir être approfondi par l’obéissance (un des cas où le directeur « dirige » et voit l’obéissance chez le candidat face à l’imprévu, l’objection, d’autres types de vocation), par une expérience ou la perception vraie de la part de « folie » de sa vocation, par le temps vécu comme fidélité à l’appel dans des conditions autres que l’appel.
Pour le converti, il faudra aussi faire appel au temps pour faire mûrir la grâce baptismale et élargir l’horizon de l’Eglise en lui. Les grâces de conversion doivent toujours passer par la désolation pour se fortifier. Il ne faut pas la « provoquer », mais y être attentif et en tirer toute la fécondité. Le temps est nécessaire aussi, ainsi que l’intelligence narrative de l’histoire personnelle du converti, pour découvrir si la grâce de l’appel est bien distincte de la grâce de la conversion : autre chose est le changement de vie et la joie d’être chrétien, autre chose est l’apparition d’une mission particulière au sein du peuple chrétien.
4. Le rapport au monde
Ce point signifie à la fois tous les attachements ordonnés ou pas que la personne vit avec le monde tel qu’il est. Comment mesurer avec elle que le monde est à sauver sans qu’il n’apparaisse uniquement comme un lieu de perdition, de décadence en face d’une origine ou d’un passé toujours plus glorieux (la communauté primitive) ? Il y a des jeunes qui ont été protégés heureusement, mais qui ne mesure pas la profondeur du mal ou les obstacles à l’évangélisation. Si cela se greffe sur une phase d’idéalisation de l’adolescence, il est bon doucement de travailler ce point : par le service, par l’apprentissage profane, par l’évangélisation (catéchèse, groupe de jeunes).
Sans juger, il est bon d’observer le type de lien social et apprécier autant que possible comment un jeune peut le dépasser et sur quels points (les habits, les détentes, le langage, l’hospitalité, l’accueil, les jugements). Une vocation est toujours située sociologiquement et politiquement. Cette considération peut nous déconcerter. Il ne faut pas que ce soit un élément de blocage dans la relation d’accompagnement, mais il faut « voir » comment ce jeune pourra devenir un « prêtre pour tous » sans se laisser trop enfermer culturellement et consciemment dans des catégories. La question de la jeunesse « nous allons changer le monde, comment le changer » doit être prise au sérieux : elle est révélatrice des forces comme des limites de la personne. Elle entre aussi dans le plan de Dieu.
Le rapport au monde signifie aussi : que ferais-je comme métier, comme travail, comme service dans ce monde ? Cela suppose de peser le poids de ma propre humanité, mes dons et mes talents, ce qui est beau, bon et noble et qui sera peut-être l’objet d’une offrande et d’un renoncement. On ne naît pas pour être prêtre. La mission se greffe sur l’homme tel qu’il est. La prise en compte de ces considérations doit être faite pour purifier l’élan vers le sacerdoce, pour lui donner une consistance humaine et ecclésiale, pour découvrir l’heure (le moment adéquat) à laquelle commencer la formation ecclésiastique.
5. Evaluation commune de la vérité de l’appel
Le faire par l’intelligence et l’affectivité. De fait, l’expérience spirituelle, même si elle a des traits indicibles, est en régime chrétien toujours apte à se loger dans un discours humain. L’Incarnation du Verbe nous le confirme dans l’histoire dans l’humanité. Ainsi, l’appel, même intime et secret, doit pouvoir revêtir ou se revêtir des mots et se communiquer. L’accompagnateur joue un grand rôle dans cet engendrement. Ce travail est nécessaire pour la vérité d’une vie et pour que la liberté humaine puisse s’engager profondément. L’intelligence articule l’expérience spirituelle (ou mystique) par le langage avec l’altérité du monde et des autres. De part et d’autre, l’accompagnateur et le candidat parviennent à évaluer, à peser la vérité de l’appel, discernant ce qui est de l’Esprit de Dieu, de l’esprit humain, des mensonges de l’esprit trompeur.
L’évaluation de la portée et de la signification de l’appel engage également les affectivités. La lumière de la rencontre du Christ (Saint Paul à Damas) n’évacue pas les médiations personnelles, ecclésiales, les purifications également des affections (impatiences, passions, découragements, enthousiasme). L’accompagnement doit aider à purifier les désordres, à fortifier les élans. En un sens, tout appel suppose une réforme de vie, des changements dans sa vie, visibles à l’oeil nu et exprimés dans des décisions. Il convient d’y être attentif.
Dans le cheminement, le travail de l’accompagnement doit se faire à la fois sur l’intelligence et sur l’affectivité. Une affectivité sans intelligence est aveugle. L’intelligence sans affectivité est vide. Nous avons toujours affaire à une personne dans une unité. Ce qui est gagné d’un côté, peut aider à comprendre l’enjeu de l’autre côté. Les rythmes d’apaisement, de pacification peuvent différer : il ne faut pas négliger de travailler sur les deux points. Ce point est encore plus vrai dans la formation d’un séminariste.
Nous voyons comment l’amitié des saints, l’admiration et la compréhension des voies de Dieu dans leur vie (a posteriori, c’est toujours plus facile) peuvent nous aider à travailler de manière synthétique. L’intelligence et la volonté doivent être touchées pour libérer la liberté.
Du point de vue de l’affectivité, deux critères seront toujours déterminants : la serviabilité (la capacité de sortir de soi pour se mettre à la place d’autrui et l’aider, la gratuité du temps offert, l’exode de soi aimant et volontaire) ; le sens des pauvres, des petits, des malades.
6. L’affectivité, la sexualité, le célibat
6.1. L’affectivité
Entrer pour la personne dans une meilleure connaissance d’elle-même est nécessaire. La parole dans la confiance adressée à l’accompagnateur est une étape incontournable pour évaluer les émotions, la sensibilité, les élans, les enthousiasmes. Certains attachements peuvent être mis en lumière : il faudra en évaluer le poids dans les décisions à prendre. Quelques traits peuvent être souligné dans le contexte de discernement :
La pudeur et la réserve de caractère sont de bonnes indications d’une maîtrise de soi. Leur objet peut être sectoriel (en famille, dans un mouvement). Il ne s’agit pas d’avoir peur de livrer ses sentiments, mais de savoir plus ou moins « quand, comment, à qui ». Pour la question de l’appel en tant que tel, au-delà d’une crainte face à un tel mystère ou d’une peur d’être ridiculisé, la capacité qu’a le jeune de conserver les « choses » dans son cœur en ne les confiant qu’à bon escient est toujours un bon signe.
La réserve (pas la crainte) par rapport aux jeunes contemporains du sexe opposé est un signe positif à observer. Il est toujours délicat d’écouter les tristesses comme les enthousiasmes d’un plus jeune. Il importe cependant que l’accompagnateur montre sa patience, son écoute et son empathie parfois vis à vis d’expériences inconnues, d’un autre âge, fortes dans lesquelles à son insu le jeune désire nous faire entrer, nous partager.
Voir les passages du C. Danneels p. 100- 101.[4]
La soif de spirituel et de religieux ne peut pas être un refuge ou une compensation. S’ouvrir à Dieu, c’est entrer dans une aventure. Ce risque-là doit pouvoir être entrevu. L’amour de Dieu est paternel : il secoue, il engage, il balaie certaines peurs et frilosités. Une vocation exprime un don de soi, un départ, une expérience, un risque.
6.2. La sexualité
Ce domaine n’est pas prioritaire au sens où l’homme ne se réduit pas à sa sexualité. Il ne faut pas tomber non plus dans le piège de notre culture fortement érotisée. D’autre part, il ne faut pas être naïf ou plutôt il faut avoir la naïveté de penser que chaque génération vit des expériences différentes. La sexualité n’est pas une question secondaire. Il convient de la rejoindre dans la vérité confiante, dans la liberté qui se prend en charge, dans la nécessaire miséricorde de Dieu. La sexualité peut être organisé (pour le meilleur ou le pire au niveau des habitudes) ou encore désorganisée : la personne vit une certaine anarchie des pulsions qu’il porte en lui.
A) la vérité confiante : les questions, les blessures, les péchés adviennent en vérité dans le dialogue et peuvent être l’objet d’une discussion, d’une mise en place anthropologique, d’une lumière morale et religieuse.
B) La vie sexuée suppose l’assomption de la masculinité ou de la féminité. La liberté est engagée dans les rencontres et les relations homme/femme. Il est bon de voir comment se vivent ces relations. Face à certaines pulsions ou tentations, la personne est-elle à même de se prendre en charge, d’être vigilante, de comprendre les conditions corporelles qui sont les siennes, les fantasmes, les rêves, les sentiments, les passions, les fatigues. Un point où la liberté exprime son engagement s’exprime dans une organisation du temps, une hygiène de vie, un rapport au sommeil, aux soins du corps.
C) La miséricorde de Dieu est-elle perçue comme puissance de résurrection, force pour continuer le chemin parfois austère de la chasteté. Rend-elle la joie ou la culpabilité se manifeste-elle avec récurrence et rudesse.
6.3. Le célibat
Parmi de nombreux choix à poser, celui du célibat apparaît assez rapidement dans la conscience de celui ou de celle qui ressent un appel. Il s’agit de découvrir en raison que le Christ lui-même est l’Epoux et qu’Il peut combler une vie. Cet aspect positif d’un célibat offert n’enlève pas tous ses traits de sacrifice et son défi anthropologique. Le Christ invite au célibat librement assumé. Le célibat n’est pas aliénant.
De fait
On n’impose pas à Dieu le choix du célibat
On ne se l’impose pas
Il est proposé par le Christ
Toutes les autres raisons sont secondes par rapport à cette invitation, cette suscitation, cette attirance du Christ pour sa personne. Si un certain goût du célibat est réellement absent, il n’y a pas de choix à opérer. Le goût de se réserver au Christ, de vivre pour lui uniquement, la volonté de lui appartenir corps et âme de manière exclusive peuvent être des indications. Le réalisme pousse à observer la paix et la confiance dans un tel choix et un tel renoncement. Le critère est une préférence exclusive pour le Christ : « Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ignore ce que fait son maître ; je vous appelle amis, car tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaître » (Jn 15,15).
Un autre critère qui peut aider au discernement est la perception juste qu’a le candidat du mariage chrétien, soit par l’expérience de sa propre famille, soit par la réflexion personnelle qui prend en compte : la bonté de l’état conjugal, la force et la puissance de l’attrait sexuel, les joies de la paternité et de la maternité.
La question du célibat peut se résoudre de manière quasi immédiate (guérison de l’affectivité, intervention surnaturelle, évidence paisible directe) ou demander de longues maturations (présence de certains doutes et questions durant la formation)
Se donner mobilise tout l’être de l’homme. A cette mesure de l’amour se dessine le choix définitif et personnel du séminariste pour le célibat. Il est nécessaire de clarifier le célibat sacerdotal et de dépasser le cadre d’une règle disciplinaire de l’Eglise ou d’une simple tradition spirituelle. Le choix du célibat est plus fondamental. L’amour envers l’Epoux au nom et en vertu de l’Eglise, l’Epouse, caractérise le célibat sacerdotal comme le célibat consacré dans la vie religieuse. « Par l’ordination sacramentelle au ministère, le prêtre aimera l’Eglise comme Jésus, l’Epoux, aime son Epouse. (...) En même temps, aucun prêtre n’est l’Epoux dont il signifie cependant la venue effective, et il n’est davantage l’Epouse, qu’il conduit inlassablement à l’Unique. Les paroles de Jean, dans le quatrième évangile, transmettent, avant même l’acte sacerdotal du Christ en croix, une bouleversante spiritualité en faveur des prêtres, faite d’amitié envers le Christ Jésus, l’Ami souverain, ouverte à toutes les personnes que Celui-ci attire à lui : « Qui a l’épouse est l’époux, mais l’ami de l’époux, qui se tient là et qui l’entend, est ravi à la voix de l’époux » (Jn 3,29) »[5]. Cette amitié qui fonde un amour total et définitif est un don de Dieu à l’homme.
Le célibat sacerdotal a sa vérité anthropologique. Tout homme doit pouvoir se donner entièrement à quelqu’un. L’appel de Dieu se greffe sur cette dimension du don qu’est tout être humain et que tout homme désire faire de lui-même. Le célibat sacerdotal exprime une des manières dont l’homme comme être-de-don peut accomplir librement ce qu’il est en se donnant totalement au Christ et à l’Eglise. Le dynamisme le plus intérieur de la vie spirituelle est ce « don de soi » entier et qui touche toute la personne. Le baptisé exprime parfois maladroitement cette exigence intérieure. Ses désirs d’un don plénier de soi ne doivent pas cependant être niés, relativisés ou étouffés. Le ministère et l’action sacerdotale doivent surgir au cœur d’un amour personnel qui veut et parvient à tout donner. L’action sacerdotale surgira alors comme d’un surcroît d’amour offert par Dieu à l’Eglise et au monde. La source sacramentelle jaillit du cœur transpercé de Jésus qui a tout donné et dont l’abandon et la mort à lui-même s’éclairent d’une fécondité surnaturelle (Jn 19,34). La direction spirituelle aura à veiller à susciter et à encourager cette folie de l’amour, à en prendre la mesure selon les âges et les tempéraments, à en discerner les étapes d’engagements libres et personnels.
Se donner entièrement à la suite du Christ n’est pas aliénant. C’est un moment fort de tout parcours sacerdotal. Il doit être préparé et vécu en vérité bien avant l’appel au diaconat. « Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ignore ce que fait son maître ; je vous appelle amis, car tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaître » (Jn 15,15). Il s’agit bien d’une amitié profonde avec le Christ. Avec le directeur, il convient d’en demander la grâce et de la vivre pleinement.
7. La personne du Christ
7.1. L’amour « fou » de Dieu
« Avec le Christ, je suis un crucifié ; je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. Car ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est livré pour moi » (Gal 2,20). Ce cri de saint Paul est le carrefour du don de soi de chaque baptisé. Cheminer avec Jésus sur les routes de Palestine n’est pas une aventure exotique. Pour chacun, le rendez-vous de la croix est une épreuve de vérité. Accompagner le Christ jusqu’à l’acte sauveur par excellence, c’est éprouver la fécondité de tout sacerdoce dans une culture où l’échec et la mort apparaissent dans toute l’âpreté de leur absurdité. Où en est la personne sur ce chemin d’abandon du Fils à la volonté de son Père ? Quelle est son attitude face au mystère de la Croix, « scandale pour les juifs, folie pour les païens » (1 Co 1,23) ? La puissance et la sagesse de Dieu doivent être éprouvées dans la vie personnelle comme source d’une fécondité radicalement autre. Le sacerdoce n’est pas « œuvre humaine », mais « institution divine » au cœur de l’histoire. Cette folie éprouvée donne de comprendre la « grandeur, la largeur, la hauteur, la profondeur » (Ep 3,18) de l’amour de Dieu. Elle nie radicalement tout sacerdoce fonctionnaire et tout pélagianisme spirituel.
Le mystère de la croix peut être refusé plus ou moins implicitement. On n’entre dans ce mystère qu’en s’abandonnant à l’amour « fou » de Dieu. La contemplation du Christ en croix qui a tout donné, est source d’une vitalité spirituelle particulière. Elle informe les paroles et gestes ordinaires du séminariste. L’Amour qui va jusqu’au bout, jusqu’au don de sa vie, est à rencontrer. Le chrétien qu’est tout candidat est mené durant sa formation à aimer jusqu’au bout : à choisir la Croix glorieuse comme forme de sa vie. Etre choisi pour aimer de cette manière, être mis avec le Christ en sa Passion pour ressusciter avec Lui, voilà les conditions dans lesquelles le cœur sacerdotal éprouve par excellence la vérité de son être. Telle est la folie de l’amour. Telle sera la joie parfaite, par grâce.
7.2. Se centrer sur le Christ
Dans le vocabulaire, on parle de la « suite du Christ », de son « appel », de « l’imitation du Christ » : ces termes expriment le centre de la démarche. Nous avons aussi à être attentif au lien entre le Christ et l’Eglise : dès le départ, l’amour, l’affection, la compréhension du lieu est-elle vérifiée ou doit-elle se construire ?
Toute vocation est un appel à servir le Seigneur et à l’aimer. Nous pouvons participer à son œuvre car Il « travaille » et il désire que nous « travaillions » avec lui. La charité (diaconie et service) est rapportée au Christ dès l’origine et pour la fin. Comment vérifier cette spécificité sinon par ce type de questions cernant les traits de la générosité :
« Qui veux-tu servir ? Pur quoi ? Comment les choisis-tu ? Es-tu envoyé ? Par qui ? Au nom de quoi ? Par quelle force ? En vertu de quel amour ». ; « Je veux être prêtre ». On répondra : pourquoi ? Qui le veut ? On ne se fait pas prêtre : qui peut te faire prêtre ? Quel épisode de l’Evangile te fait-il vivre ? Quel est le visage du Christ qui te touche intimement ? Que peux-tu donner aux autres ?[6] Plus on donne un contenu « objectif, rationnel, historique » à ces demandes et à leurs réponses, plus on explicitera le lien personnel avec le Christ.
Il faut en effet découvrir que l’œuvre du Christ est une œuvre de salut. Collaborer avec lui, travailler pour lui, c’est faire son œuvre et pas la nôtre pour lui. On développe dans les entretiens ce qu’Ignace appelle l’indifférence. Il s’agit d’une attitude active à « faire ce que le Christ voudra et rien d’autre ». Cette indifférence doit pouvoir se constituer ou se vérifier dans l’un ou l’autre domaine concernant l’appel. La patience comme le temps qui passe peuvent aider également à vouloir suivre le Christ humble et humilié. Il ne s’agit pas d’abord de s’accomplir, mais d’accomplir l’appel : l’humilité est au rendez-vous : je ne ferai que ce que le Christ veut, mais avec lui et comme lui. Le choix de ce type de vie engage des moyens qui ne sont pas exactement ceux du monde : pour l’évangélisation, pour la formation, pour la vie quotidienne. Comme en écho des béatitudes et des conseils, le jeune homme sera confronté à un mode de vie et d’identification au Christ qui lui fera saisir qu’il est dans le monde sans être du monde. Sans vouloir le mettre à l’épreuve (c’est le propre de la formation), la manière dont il dit « non » à certaines propositions pour tout miser sur le Christ doit être encouragée et évaluée. Et l’attirance du Christ se manifeste-t-elle et dure-t-elle ? Toutes les autres questions doivent se situer sur cet horizon.
8. La réalité de l’Eglise
8.1. L’amour de l’Eglise telle qu’elle est
La question qui fonde le ministère de Pierre dans le pardon offert après son reniement est la suivante : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci » (Jn 21,15) ? La suite du Christ est fondée sur la reconnaissance d’un amour qui nous précède et sur la réponse à cet amour. Parce que pécheurs pardonnés, nous pouvons suivre le Christ et vivre en Eglise. La perception de cette miséricorde est essentielle pour poser un regard bienveillant et magnanime sur ses frères et sœurs, et sur l’Eglise telle qu’elle est.
L’appel au sacerdoce situe la personne d’une nouvelle manière dans l’Eglise. Il suppose une identification à la personne du Christ-Tête qui prend soin du corps jusqu’à donner sa vie. C’est le mystère eucharistique dans lequel tout prêtre est immergé de manière sacramentelle. Sans amour de l’Eglise, il n’est pas de vocation sacerdotale qui puisse naître, grandir, se fortifier, porter des fruits.
Nous savons les défis posés à l’évangélisation comme à la vie interne de l’Eglise. La mesure de ces défis donne un critère d’éducation : porter les tensions, œuvrer à la paix et à la réconciliation, avoir l’intelligence spirituelle des situations, être un homme pour les autres, durer dans une fidélité créatrice, rester dans une obéissance aimante et constructive. Il convient d’affirmer l’aptitude d’un homme à rester en communion avec l’Eglise telle qu’elle est, à l’aimer, à la faire grandir dans la joie et l’abnégation. Dans ce domaine, le conflit des spiritualités, les incompréhensions entre religieux et diocésains, le rejet des communautés nouvelles, un néo-cléricalisme, un style de vie mondain et un goût des moyens efficaces, un esprit de carrière et une volonté de puissance sont autant de points d’attention et de vigilance, parfois des signes d’inaptitude.
8.2. Le lieu dans l’Eglise
S’il est un point délicat actuellement, c’est bien celui-là, particulièrement pour les jeunes filles. Où aller ? Qui rencontrer ? Pour quel diocèse ou monastère se décider ? Ces questions pratiques appartiennent aux conséquences d’une élection. La personne en prend souvent conscience après « le choix de Dieu ». Si elle est préoccupée avant l’élection, c’est le signe que le choix n’est pas encore fait.
Le réalisme de la grâce est d’affronter ces questions avec sérieux. L’accompagnateur peut et doit aider, trouver les adresses, faciliter certaines écritures, fortifier la confiance. Il ne doit pas se substituer à la personne dans ses démarches car celles-ci peuvent servir de « confirmation » de ce qui a été vu de la décision divine. Etre prêtre, c’est accepter telle obéissance, tel type d’étude, renoncer aux entreprises commerciales et politiques etc.
La demande d’être admis au séminaire ou au noviciat est une étape délicate. Un critère doit pouvoir mettre les cœurs en paix : la reconnaissance ecclésiale. « Puisque le Christ le veut, je demanderai d’être prêtre diocésain, si l’Eglise m’accepte ».
« Si en effet Dieu me veut prêtre ou religieux, il me conduit quelque part dans l’Eglise. Un lieu dans l’Eglise a été préparé. Si personne dans l’Eglise n’a été préparé et n’est disposé à me recevoir, je ne serai pas prêtre, je ne serai pas religieux. Où donc le Christ me veut-il ? Le Seigneur répond à cette question par des signes plus ou moins éloquents mais qui ne manquent jamais.
Quelles que soient les intuitions ou les affections humains, il faut ici reprendre le discernement des aptitudes. Aptitudes du sujet à telle forme de vie, mais aussi aptitudes de l’institut ou du diocèse à le recevoir et à le former. La prudence et la charité inspireront à ce propos notre parole, autorisée d’ailleurs par la demande du sujet : celui-i a droit à être guidé conformément à la vérité » [7]
Dans ce contexte, il faut affronter les enjeux de certaines formations, la vieillesse ou les options prioritaires de certaines congrégations. Tout le monde n’est pas appelé comme Ignace le croyait pour lui, à entrer dans un monastère en décadence pour le réformer !
Dans le mélange d’inclinations et d’hésitations sur le lieu, je crois qu’il est plus prudent non pas d’aller essayer ou d’aller voir, mais d’aller parler clairement et directement au supérieur ou au responsable de la formation concernée. Le guide pourra aider à poser les bonnes questions, surtout celles qui sont liées à la formation comme à la culture religieuse ou ecclésiastique.
8.3. Le moment de l’engagement
Il faut « voyager » entre deux extrêmes : ne pas retarder la réponse au Christ. Ne pas anticiper sur sa volonté et sur les temps de l’Esprit. Les critères de sagesse sont à développer : la situation familiale, celle du pays, du diocèse ou du monastère. Il y a un rythme à respecter généralement : celui des études et de la conclusion heureuse d’un temps de formation profane.
La prise en charge régulière de sa vie de prière, la capacité de retrouver le pardon après une faiblesse ou un péché ? La souplesse à entrer dans d’autres plans et d’assumer des choses contraires : voilà des signes d’une maturation.
S’il y a hésitation, il convient de réfléchir aux causes (surtout pour l’accompagnateur) et en même temps de faire confiance au temps. Dieu est maître du temps et de l’histoire. Le temps est un allié de l’homme.
9. La miséricorde de Dieu
Sa perception est fondamentale tant du point de vue du contenu objectif de la foi que de son expression sensible. La vie sacramentelle doit en être un signe ainsi que les jugements personnels posés par celui qu’on accompagne.
9.1. Attitude du baptisé
Par les Ecritures, la lecture de la 3e et 4e partie du CEC, il faut guider le candidat à une meilleure connaissance de ses faiblesses, de ses limites, de ses péchés. Un enseignement sur la vérité du péché et la puissance de la miséricorde divine peut s’élaborer pendant le temps nécessaire. Pensons à la prière et la méditation de certains psaumes. Avant de poser un choix déterminant, la prise de conscience d’être un pécheur pardonné est essentielle. Etape de purification, de consolidation surtout car on ne s’appuie plus sur une perfection morale et personnelle, on n’idéalise plus un état de vie futur, mais on est à accueillir une grâce imméritée et qui peut combler une vie. Dans cette étape, il sera bon de vivre le sacrement de réconciliation et rapidement d’imprimer un rythme personnel à ce sacrement. Un travail de la mémoire spirituelle peut se faire durant cette période : comment, quand et où, avec quelle complicité ai-je offensé le Seigneur mon Dieu ? Si l’Esprit révèle par la mémoire le péché de l’homme, c’est pour y mettre son pardon et l’onguent de la guérison.
9.2. Vers une confession générale
Cette découverte ou redécouverte de la puissance de pardon du Seigneur se fait en vérité et touche toute la vie. Il ne s’agit pas de faire une psychanalyse, mais petit à petit de goûter dans la foi le geste sauveur du Christ sur notre vie. A un moment donné, particulièrement durant un temps de retraite ou de récollection, il conviendra d’inviter à une reprise de toute la vie dans la miséricorde de Dieu et dans le sacrement de pénitence. La confession générale est devant le Christ en croix. Elle peut se faire à un prêtre non connu ou autre que le directeur. Elle n’est pas une occasion de scrupule ou d’hésitations sur les pardons déjà reçus. Elle est un nouveau regard, aimant, humble sur les fautes passées dont la mesure nous apparaît avec la grâce actuelle. C’est une manière de faire du neuf avec de l’ancien : Dieu recrée la personne à partir de ce qu’Il lui révèle à nouveau et qu’elle met sous son regard sacramentel.
10. Le matériau de la direction spirituelle
L’objet de la direction spirituelle est d’abord la découverte de la volonté divine. Il ne suffit pas bien sûr d’invoquer la volonté de Dieu, il faut encore l’accomplir, la pratiquer. La réponse est dans un deuxième temps qui est important, mais il s’agit d’abord de découvrir ce que Dieu veut pour moi. Faire la volonté de Dieu ne dépend pas de la pression du directeur, ni de sa vigilance. Il lui suffit d’abord d’écouter et de laisser la personne libre et responsable de ses actes.
Le matériau de base (la terre glaise...) est la conversation avec ses paroles et ses silences : écouter... répondre...converser...écouter...
L’accent est mis sur les paroles et non sur les gestes, non pas par peur de questions affectives ou sexuelles, non pas pour nier l’importance de certaines actions communes dans l’accompagnement des jeunes, mais pour spécifier l’accompagnement. Il ne s’agit pas de construire une vie commune qui passe par des gestes et des services rendus. Dans la direction spirituelle, il n’y a pas d’abord échange de services. La direction spirituelle vaut par elle-même, par le dialogue en vue de discerner la volonté de Dieu.
D’abord écouter. Il ne s’agit donc pas d’une prédication. Il s’agit que la personne parle ou apprenne à se dire. Il faut parfois aider à parler en parlant. Il faut souvent écouter longtemps avant que l’implicite devienne explicite ou que le plus important ou le plus éprouvant puisse s’avouer. Il faut donner priorité à la parole pour être fidèle et disponible à ce que fait l’Esprit Saint. Il nous suffit d’être témoin de son action telle qu’elle se livre par la parole : une nouvelle « Bonne Nouvelle ». Il ne faut pas chercher d’autres paroles sauf pour redire ce qu’il nous semble avoir compris, le traduire, le confirmer par nos propres paroles, s’assurer d’avoir bien compris ce qui dépasse à la fois le directeur et l’accompagné.
Ensuite répondre. Notre réponse à une question posée renvoie toujours au-delà d’elle-même. Ce n’est pas « renvoyer à la conscience » ou « avouer son ignorance ». On peut et on doit rappeler une loi, une vérité. Mais souvent notre réponse n’est jamais « seulement » adéquate à la question comme la question n’était pas issue uniquement de la personne. La parole est habitée d’une présence qui nous dépasse. Ainsi faut-il affirmer que la direction spirituelle est dans l’Esprit saint toujours un acte de foi : en la présence de Dieu. Ce dialogue est prière, contemplation.
Ecouter, répondre : en transmettant des éléments d’une doctrine spirituelle, en révélant le visage du Christ dans les baptisés, en accueillant la fécondité de la grâce. La réponse est le plus souvent une préparation à l’accueil de nouvelles grâces et une confirmation des décisions prises et de la vie vécue. Non pas exhorter (surtout une personne d’expérience), mais confirmer (« je suis d’accord ») c.-à.-d. Marquer son accord et consoler au sens ignatien du terme : faire grandir dans la foi, l’espérance, la charité, la joie et l’allégresse.
Toute la vie ordinaire et extraordinaire concerne l’accompagnement spirituel, mais particulièrement la prière, les sacrements, les retraites, la gestion de la vie personnelle, les décisions en tout genre. Bien sûr, l’accompagnateur ne décide pas à la place, mais il peut aider à discerner ou bien il peut dans l’accompagnement situer les décisions prises et leurs conséquences et particulièrement les décisions qui ne sont pas prises par le séminariste mais son supérieur ou d’autres responsables. Il s’agit de trouver ensemble le sens d’une histoire sainte.
L’accompagnement d’un séminariste a des spécificités : par exemple pour la vie de prière, l’unification des activités de formation, le rythme de progression vers le sacerdoce, les confirmations de la vocation. Cet accompagnement doit être fait dans l’Eglise par un prêtre. Les autres acteurs de la formation participent à leur place mais ils doivent respecter l’évolution intérieure (les attitudes qui relèvent du for interne et particulièrement du secret de la personne et du secret du pardon sacramentel).