BUR J., La spiritualité des prêtres. Une retraite doctrinale et pastorale, Paris, Cerf ; Montréal, Médiaspaul, 1997, 242 p.
Ce livre est le fruit d'une longue expérience. Conférences offertes durant des retraites pastorales à des prêtres, le contenu est en référence continue avec une réflexion doctrinale. L'auteur est un enseignant missionnaire qui a parcouru 4 continents. Il intègre avec bonheur les derniers documents de l'Eglise concernant l'identité sacerdotale. Ses renvois à Pastores dabo vobis sont explicites et éclairants. Il dialogue particulièrement avec des théologiens français (H. Legrand, J. Rigal, G. Martelet, B. Sesboué) et avec des évêques qui portent le souci de la formation des prêtres (Mgr Gilson, Marcus, Martini).
Dans un désir de fidélité à l'ecclésiologie de Vatican II, l'auteur se centre sur « les articulations et relations qui situent les prêtres dans l'Eglise d'aujourd'hui » (p.9). On ne trouvera donc pas de nombreux d'éléments historiques liés à une théologie du sacerdoce. Par ailleurs des questions actuelles (sacerdoce des femmes, ordination d'hommes mariés) ne sont pas esquivées. L'objectif de l'auteur est d'éclairer la conscience ecclésiale d'aujourd'hui sur la place du prêtre dans un corps spirituel : relation au Christ, aux évêques unis au pape, aux autres prêtres, aux diacres, aux laïcs, aux mouvements associatifs, aux divers ministères institués. Le débat sur la différence entre vocation religieuse et presbytérale donne de bons repères (c.1). Le fondement de la vie sacerdotale sur le Christ est très beau (c.2). Les chapitres consacrés aux ministères de la Parole de Dieu (c.4), de l'Eucharistie et des sacrements sont suggestifs et stimulants (5).
Certaines thématiques sont abordées trop brièvement (la politique et les prêtres, p.161). Nous aurions aimé avoir un avis plus personnel de l'auteur sur l'actualité des associations sacerdotales, sur les enjeux actuels de l'accueil des vocations et sur la formation des nouvelles générations (Pastores dabo vobis). Le thème de la « consécration » mériterait aussi un développement. Si l'obéissance à l'évêque inscrit le prêtre dans le presbyterium, pourquoi la séparer à ce point du célibat et de la pauvreté (c.3 ; 9 et 10) ? L'unité du don de soi pour le prêtre diocésain et religieux nous semble devoir rejoindre de manière commune et unifiée les conditions anthropologiques traditionnelles. La mission et la figure de la direction spirituelle (p.146) sont peu soulignées. Dans la vie concrète du prêtre et pour aider à une spiritualité vraie et féconde, n'est-ce pas là un point majeur qui mériterait une insistance et des conseils ?
Le prêtre n'est pas un « fonctionnaire de Dieu ». Il vit dans et de l'Esprit Saint : l'auteur nous le rappelle avec force. Ce livre éclaire la route et fait un bien spirituel. Il ouvre à de nouvelles questions. Il conduira tout prêtre à une charité pastorale plus grande.
A. Mattheeuws dans NRT 122 (2000-1) 162-163.