BERTRAND M., Le prêtre de demain sera-t-il célibataire?, Paris, éd. de l'Emmanuel, 2011, dans NRT 133/n°3 (2011) 501-502.
Ce thème récurrent est toujours délicat à aborder. De manière pédagogique, l'a. se met à l'écoute du monde (I) pour relater le débat en France autour du célibat. Elle met en évidence que la thématique, parfois biaisée, est fortement présente dans les médias. Elle nous livre ensuite une brève enquête de terrain qu'elle analyse ensuite. Elle nous montre toutes les positions paradoxales et les incohérences pratiques et rationnelles concernant particulièrement « l'obligation » du célibat, son surgissement dans l'histoire de l'Eglise et ses diverses significations. Une enquête aux quatre coins du monde complète ce panorama qui est plus descriptif que statistique. Cette partie est éclairante et utile : elle rejoint la plupart des questions pastorales que l'on entend, pour le meilleur et pour le pire, depuis quelques années. Tout lecteur pourrait déjà y trouver de quoi élargir son champ d'interrogations.
La seconde partie nous offre un panorama des positions du Magistère (II): un bref historique et une approche théologique. On verra combien la théologie s'est attachée récemment à développer les racines profondes du célibat sacerdotal : configuration au Christ, mystère de nuptialité. Les thèmes suivants sont intéressants : Incarnation et célibat, noces de la croix, célibat et paternité. Tout lecteur de bonne volonté découvrira que ce sujet n'est pas purement disciplinaire ni « tabou », mais qu'il recèle un « mystère » dont la lumière reste à mettre encore humblement « sur un lampadaire » (Mt 5,15).
La troisième partie (III : Que penser de tout cela ?) nous indique les vrais lieux d'approfondissements et de réflexion dans les dialogues sur cette thématique. Les antagonismes sont bien marqués dans le rapport entre « Eglise » et « monde » : ils se disent dans les notions de liberté, de sexualité, d'adaptation. La contestation est prise en compte : il nous faut la comprendre. Elle est douloureuse dans l'Eglise et elle s'enracine dans un manque réel d'information et de formation. C'est à un chemin de réconciliation que nous convie l'auteur en balisant les manières d'aborder la question de manière « juste ». Ses pages sur « les bonnes questions à poser » sont judicieuses. Son dernier chapitre évoque largement des ouvertures en essayant de les situer dans les « signes des temps » et un « appel à revenir à l'essentiel », c.à.d. au Christ. L'enjeu pressenti à de multiples reprises est la compréhension en profondeur du sacrement de l'ordre.
A.Mattheeuws s.J.